Estelle Beauvais
plasticienne & réalisatrice
10.10.22 / La mémoire.
La mémoire est ce qu’il me reste quand j’ai tout oublié.
Où est ce reste ? Quel est ce reste ? Qu'est ce qu’il me reste ?
Des impressions, du grain, une lumière en teinte, quelques clichés.
Je survole des archives, des milliers de photos, des pages et des pages dans des carnets. Sentiment de vertige. Je fini par m'observer, comme si tout cela avait été vécu par une autre personne. Il faut chercher ailleurs. La réponse est surement chez les autres, les personnes que j'ai croisé, chez ceux qui me connaissaient de mes autres vies, de par leurs impressions.
Fragilités des fragilités. Le grain parfois ne traversera pas le temps. Le temps retire et laisse apparaître ce qui restera. Comme les vagues polissent les coquillages. Ne reste qu'une emprunte, quelques vestiges.
Ma mémoire, me donne ce que je n'ai pas oublié.
L’espace de la mémoire s'avoisine quelque part à un voyage dans le temps, dans lequel, passé, futur et présent ne feraient qu'un.
Alors je pense à un film, je l’imagine silencieux, discret, modeste. Je l’imagine petit à petit, dans cet espace vaste et non tangible, l’espace de l’imagination. Il grandit, petit à petit.
23.01.23 / Les images.
Je ne sais pas d’où elles viennent. Jusqu’où l’image est pensée, rêvée, jusqu’où elle vient à moi sans que je ne sache pas bien pourquoi, ni comment.
Aujourd’hui, je pense à ces images longtemps restées floues qui prennent soudainement la parole. Elles se renouvellent, elles vont et elles viennent.
Cette plasticité de l’image propre au fonctionnement de notre mémoire, je l’aime.
Impalpable, fugace et pourtant parfois si tangible. Elle me perd autant qu’elle me réjouit.
Cette plasticité, je l’aime car elle m’inscris dans le monde.
Quand je pense à cet espace, celui de la mémoire, je me sens alors liée aux autres. Je me sens connectée à mes proches, je pense aussi à tous ceux que j’ai eu la chance de rencontrer sur mon chemin, malheureuses comme belles rencontres.
A tous ceux que je garderais en image, dans mon coeur et à tous ceux qui viendront, je les aime.
Une force à la fois lointaine et proche m’enveloppe. C’est à la fois doux et violent.
Sentiment profond de gratitude.